Lectures pour penser autrement nos commerces

CMARUE
4 min readApr 29, 2020

A l’issue de la crise du COVID-19, les commerces vacants seront malheureusement plus nombreux. Aujourd’hui il est l’heure de soutenir la trésorerie de ceux ouverts, de les aider à passer cette période en les fréquentant.

Mais nous voulions aussi prendre un temps d’arrêt pour nourrir la réflexion de l’après, maintenant que la fragilité des commerces de proximité et à la fois leur indispensabilité nous apparaissent à tous de manière crues, savoir si nous allions continuer comme avant, OU si nous étions prêts à questionner notre manière de planifier le tissu commercial, d’accompagner ses acteurs, de cesser de les considérer comme “des acteurs économiques libres dans un environnement économique concurrentiel” quant il s’agit de nos trottoirs et de notre approvisionnement.

A CMARUE, on a décidé de se mêler d’urbanisme commercial, c’est-à-dire, d’installations de commerce en bas de chez nous, quand en se penchant sur les “concepts” qui présidaient à celles-ci, ils nous ont paru pour certains quelques peu contre-productifs ou pas toujours intuitifs.

Pour n’en citer que deux :

  • “L’emplacement, l’emplacement, l’emplacement” qui invite à préférer une grande artère, une rue très passante, à un emplacement de proximité.

Nous n’avions pas l’impression d’observer la même réalité (des magasins fermés sur des artères très fréquentées) ou de lire la même presse, dans laquelle des enseignes “bien placées” et déçues racontent avoir besoin de clients, et de non de passants ou visiteurs.

  • “No Parking, No Business”, adage assez explicite qui ne fait pas ici cas de ces enseignes de périphéries qui affrètent des bus pour accompagner des consommateurs de plus en plus nombreux à abandonner la voiture, voire tout simplement de la chute récente de fréquentation des hypermarchés.

Il nous a semblé alors urgent de créer les conditions d’une autre cartographie pour permettre de revaloriser les locaux de proximité, de témoigner collectivement de leur attractivité par l’existence de notre demande locale, d’être pas seulement comptabilisées en tant que Passants ou conducteurs, mais de devenir parties prenantes en tant qu’habitants.

Donc quelle joie cette semaine de lire et visionner POP URBAIN, de savourer deux contenus qui explosent les lieux communs d’une logique qui, si elle ne contribue pas à la dévitalisation, n’aide pas à en sortir :

Tout d’abord dans un article décryptant un “anime”, un manga sur la revitalisation des campagnes.

Pépite rare. Bravo à Margot l’orpailleuse. Le billet partage son visionnage du film sous l’angle “urbanistique”. Un regard riche en enseignement.

Sur les commerces proprement dit, c’est l’occasion de voir à l’oeuvre les impensés et impacts d’un certain nombre de recettes. On retrouve par exemple celle de la revitalisation par le tourisme.

extrait du site Pop-up-urbain.com

L’article offre de nombreux autres illustrations sur les politiques de revitalisation. A lire absolument.

Lien pour lire l’article : https://www.pop-up-urbain.com/sakura-quest-la-revitalisation-des-campagnes-japonaises-en-anime/

Deuxième contribution, en vidéo cette fois-ci, qui permet de renverser les perspectives, voire de les rétablir, celle de Philippe Gargov, dans l’un des épisodes de sa série Fenêtre sur la Ville, réalisée pour Demain la Ville qui porte sur la piétonnisation.

Le sujet est l’occasion de revenir sur un des postulats quasi inamovibles, No Parking No business, faisant de l’automobiliste le client-roi, indispensable, à la survie de nos commerces, surtout dans les villes moyennes ou la périphérie.

Or, de nombreuses études, remarque Philippe Gargov, attestent d’une part du piéton dans la fréquentation des commerces équivalente à celles des automobilistes. La dernière date d’Avril 2019 et est issue du CEREMA lui-même et fait apparaître que le piéton constitue la moitié de la clientèle des commerces dans les villes moyennes, mais aussi dans les périphéries.

“On ne prête qu’aux automobilistes”

Une autre étude citée, bruxelloise, atteste de la projection surévaluée de la place de l’automobile par les commerçants eux-mêmes.

Ce parking jugé “indispensable” peut alors apparaître, dans un changement de perspective pas moins arbitraire, comme un frein à une convivialité urbaine, au développement de mobilité douce, qui permettrait davantage de soutenir la demande d’un piéton, piéton qui présente l’avantage d’être plus captif et en demande de cette commercialité de proximité.

En résumé, nous les remercions à titre personnel pour ces lectures et perspectives, qui nourrissent et libèrent notre imaginaire urbain, a raison d’être de Popup Urbain ! Mission bien tenue.

Bibliographies et autres sources

Fenêtre sur la ville : le rendez-vous vidéo de Philippe Gargov pour Demain la Ville . Parmi nos épisodes préférés : Peut-on encore sauver les villes moyennes ?

Etude du CEREMA Mobilité et Commerces Avril 2019 : https://www.cerema.fr/fr/centre-ressources/boutique/mobilites-transports-point-serie-fiches

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